Marché Tiny House en France : Explosion ou Bulle Marketing ?

Marché Tiny House en France : Explosion ou Bulle Marketing ?

Temps de lecture: 4 minutes
Auteur Expert
Adrien G.
Adrien G.

On entend partout que les tiny houses explosent en France. 4% de croissance par an, disent les uns. Un marché qui se professionnalise, ajoutent les autres. Mais derrière les gros titres et l'effet de mode, qu'est-ce qui se passe vraiment ?

J'ai épluché les chiffres. Et surprise : la réalité est plus nuancée que ce qu'on vous raconte.

Les chiffres qui dérangent (un peu)

Commençons par les faits. La France compte plus de 150 entreprises dédiées à la construction de tiny houses, selon Guillaume Gabrièle de Ma Petite Maison. C'est beaucoup ? Pas tant que ça.

Pour comparaison, on a environ 200 000 entreprises dans le BTP en France. Alors 150 boîtes spécialisées tiny house, ça reste confidentiel.

Le vrai indicateur de croissance ? Regardez les carnets de commande. Ideal Tiny est passée de 500 000 euros de chiffre d'affaires en 2020 à 3,5 millions d'euros en 2022. Soit une croissance de 700% en deux ans. Pas mal.

Même chose chez d'autres entreprises majeures positionnées sur ce secteur (Cahute, Baluchon, La Tiny House, etc.) qui enregistraient de fortes hausses de commandes.

La croissance 4% : mythe ou réalité ?

Alors, d'où vient ce fameux chiffre de 4% ? Mystère.

Le marché devrait augmenter à un taux de croissance annuel moyen de 4 % au cours de la période de prévision, selon certaines sources. Mais attention : aucune étude officielle ne documente précisément le marché français.

Les données mondiales, elles, sont claires : le marché mondial des tiny homes était évalué à 5,61 milliards USD en 2023 et devrait atteindre 7,39 milliards USD d'ici 2031, avec un TCAC de 3,5%.

3,5% au niveau mondial. Pas 4%. Et encore moins l'explosion qu'on nous vend.

L'effet Covid : le vrai déclencheur

La vraie rupture, c'est 2020. La pandémie a constitué un facteur d'accélération pour le marché, avec une demande d'espaces extérieurs en forte augmentation.

Confinements, télétravail, besoin d'évasion... Les Français ont redécouvert l'envie de nature. Et les tiny houses sont arrivées au bon moment.

Résultat : de nombreux artisans abandonnent leur activité principale pour se consacrer uniquement à ces micro-maisons car la demande est là.

Ce qui freine vraiment le marché

Parlons franc. Si le marché des tiny houses explosait vraiment, on ne serait pas à 150 entreprises sur tout le territoire.

Les vrais freins :

1. La réglementation floue

Pour le moment, aucune norme officielle n'encadre la construction de Tiny Houses. Chaque mairie fait sa propre interprétation. Compliqué pour se développer sereinement.

2. Le prix réel

Une tiny house de taille standard et bien équipée peut coûter entre 30 000 et 100 000 euros, voire davantage pour les modèles haut de gamme ou sur mesure.

Avec une offre insuffisante pour répondre à l'ampleur de la demande, les prix grimpent. Pas vraiment l'habitat abordable qu'on nous promet.

3. Les délais

Le carnet de commande d'Ideal Tiny est rempli pour l'année à venir. Pareil chez la plupart des constructeurs sérieux. Quand vous voulez une tiny house aujourd'hui, vous l'avez dans 12 à 18 mois.

Croissance ou bulle médiatique ?

La vérité ? Le marché tiny house français grandit, c'est sûr. Mais "explosion" ? Non.

On est plutôt sur une structuration progressive d'un marché de niche. Quelques chiffres pour remettre les choses en perspective :

  • Plus de 150 entreprises dédiées à la construction de tiny houses vs 200 000 entreprises BTP
  • Aujourd'hui, l'entreprise est l'un des plus grands fabricants de Tiny house avec plus de 40 à 60 modèles construites par an pour La Tiny House, le "plus gros" du secteur

60 tiny houses par an pour le leader français. À titre de comparaison, Kaufman & Broad livre 4 000 maisons neuves par an.

Les vraies tendances 2025

Ce qui change vraiment en 2025 :

Professionnalisation

Plusieurs régions françaises ont adopté des mesures plus favorables aux tiny houses. La législation se clarifie petit à petit.

Diversification des usages

Plus seulement des résidences principales. On trouve des particuliers de tout âge à la recherche de résidence principale, mais aussi des professionnels de l'hôtellerie en plein air, des individus à la recherche d'une résidence secondaire.

Innovation technologique

Autonomie énergétique, matériaux biosourcés, domotique... Les constructeurs innovent pour justifier leurs prix.

Verdict : croissance mesurée, pas explosion

Le marché français des tiny houses grandit. Tranquillement. Sans tambour ni trompette.

4% de croissance annuelle ? Possible, mais on manque de données fiables pour le confirmer.

Ce qui est sûr : on est loin de l'explosion promise. On est plutôt sur l'émergence d'un marché de niche qui trouve progressivement sa place.

Les vrais chiffres à retenir :

  • 150+ entreprises spécialisées
  • Prix : 30 000€ à 100 000€ en moyenne
  • Délais : 12 à 18 mois chez les bons constructeurs
  • Marché mondial : 3,5% de croissance prévue

Alors, révolution de l'habitat ou simple phénomène de mode qui trouvera son rythme de croisière ? Le temps nous dira. En attendant, méfie-toi des gros mots comme "explosion". La réalité du marché, c'est souvent plus terre à terre.

Sources : Étude Made in FR 2025, La French Fab 2022, rapports Mordor Intelligence et Data Bridge Market Research

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